« Favet neptunus eunti »,
ce sont trois mots de latin que vous pourrez lire, si vous levez la tête en passant devant la mairie, ou au détour d’une galerie au musée des Beaux Arts. C’est la devise de Nantes, et, si on le traduit littéralement, ça veut dire « Neptune favorise ceux qui osent ». Neptune favorise ceux qui osent, ça ne signifie pas que Neptune veille au casino tous les samedis à ce que la chance sourie aux audacieux, ça veut dire que Neptune veille sur ceux qui prennent la mer. En français d’aujourd’hui, ça signifie « Neptune protège ceux qui voyagent ».
Vous la verrez, cette devise, sur nos murs si vous levez la tête, et dans nos murs si vous en poussez la porte. A la Prépa, ça fait deux ans qu’on pousse des portes, et deux ans qu’on découvre comment la ville s’organise, autour de collectifs, d’associations, d’initiatives, pour protéger ces voyageurs que sont les jeunes exilé.e.s.
Il y a deux ans quand on a commencé, on recensait cinq cent cinquante nantais engagés dans l’action, et déjà c’était beaucoup. A l’été 2019, on a décidé de mettre à jour ce panorama. Et la nouvelle incroyable, c’est qu’en 2019, on est tellement nombreux qu’on a dû faire des catégories pour pouvoir s’y retrouver.
Vous êtes prêts ? C’est parti !
La plus grosse équipe c’est l’urgence, avec 2611 personnes.
Dedans, il y a les 300 familles des collectifs d’hébergeurs solidaires de Nantes, d’Indre, de Rezé, qui hébergent des mineurs, mais aussi les 200 du réseau Welcome, qui héberge après 18 ans. Il y a aussi les équipes qui interviennent dans les squats. Leur action est précieuse pour ceux qui viennent s’abriter de la rue. Ils accueillent et orientent les exilé.e.s, dont de très jeunes, qui se retrouvent sans abri.
L’urgence, c’est aussi vous, les plus de 900 personnes qui êtes passées à l’Autre Cantine depuis sa création pour y faire la cuisine, y déposer à manger, des vêtements ou des couvertures.
Ce sont également tous les collectifs riverains qui agissent en proximité des exilés là où ils se trouvent, comme ceux du Square Daviais.
L’urgence, c’est enfin les 350 agents de la ville qui se sont portés volontaires dans le cadre du « Plan Daviais » en 2018, lorsque la mairie de Nantes a décidé de mettre à l’abri les personnes laissées à la rue par l’état, ou les équipes de Rezé, qui leur ont ouvert une maison.
Ce sont aussi les équipes du CCAS, qui élargissent leurs actions lorsque l’urgence s’en fait sentir, sur l’hygiène, l’accès au soin, les transports.
Après l’urgence et les hébergeurs vient la team « emploi », emmenée par les entreprises de Loire Atlantique. On y dénombre 708 personnes !
Elles s’organisent autour de groupes de travail tels que Job4Mi, StartUpNantes&Exilés, ou le collectif Daviais formé au CNAM.
L’emploi, c’est une des clés de l’accès à la vie. Pour les jeunes, cela passe par une formation, mais aussi par l’accès à des stages. Et cette thématique du stage, elle est compliquée, et on y reviendra.
En volume, juste après l’emploi, on trouve l’éducation. Ils sont estimés à plus de 500.
500 à enseigner, en école privée, en école pop, mais aussi en lycée public.
Parmi les écoles pop, vous connaissez forcément Hors Les Murs, ses 60 profs et ses 4 groupes de niveau. Mais il y a aussi JEM et sa classe, et l’Autre Classe, qui enseigne à tous. Toutes ces structures permettent de maintenir ou de retrouver le niveau pour entrer à l’école ordinaire, quand c’est possible, trop peu souvent.
En fait, l’école, à Nantes, c’est la poignée d’établissements qui a décidé d’ouvrir ses portes à tous ceux qui ont soif d’apprendre. Saint Félix Lasalle, en tête de la file des établissements catholiques de Loire Atlantique, et le Lycée Michelet, qui fait un travail remarquable.
Pensez y au moment de verser votre prochaine taxe d’apprentissage.
La magie Nantaise, c’est aussi les projets de formation.
145 personnes qui bougent pour transmettre de l’informatique, du code, de la vidéo, du making, des pratiques artistiques, les métiers de la restauration, du bâtiment. Parmi eux, le Conseil d’Administration de l’Université de Nantes, qui a voté le maintien des frais d’inscription à son niveau actuel pour tous, alors qu’il leur était demandé de le multiplier par dix pour les étudiants étrangers, et en particulier les étudiants venus des suds.
Avec 118 membres, notre prochaine équipe est une des plus historiquement engagée.
Ils sont trop peu, au regard du travail à réaliser. Ils bossent sans relâche. C’est la team Droit. On y trouve les assos qui accueillent et conseillent, comme le Gasprom et la Cimade, les permanences de la LDH, et on y retrouve les avocats. Des avocats qui ont fait le choix de se spécialiser en droit des étrangers, qui travaillent non-stop, bien souvent bénévolement, pour représenter ceux qui n’ont ni voix, ni poids devant l’immense machine de l’administration française.
Un pas de côté, voici la Culture !
88 représentants de lieux, de festivals, de compagnies artistiques, mais aussi des assos pour qui la culture est avant tout un bel endroit pour une rencontre. Vous retrouverez dans notre agenda les dates pour les rencontrer, et découvrir toute l’étendue de ceux qui prennent action sur ce thème.
Et enfin, le soin et l’accès au soin.
58 personnes qui accueillent, qui écoutent, et qui réparent, en médecine de ville, en psy, en thérapies douces.
Au total, quatre mille cinq cent trente cinq nantaises et nantais ont été recensés en cet été 2019. Quatre mille cinq cent trente cinq, c’est comme une petite ville dans la ville. C’est entre leurs murs que Neptune et l’esprit de Nantes veille. Rejoignez les.